« J’ai glissé chef » : Comment la gamelle vous élève

Avouez ! Vous aussi vous vous êtes bien poilés, à la chute du plongeur Alexis Jandard face au président Macron venu l’admirer pour l’inauguration de je ne sais quel site olympique.

Parce qu’une gamelle ça fait toujours rire depuis Buster Keaton, et même avant. Certains ont même vu un signe de Jeux olympiques foutraques et mal organisés. Le rapport? Jsp. Passons.

Dans l’apprentissage du Surf, se vautrer est vraiment quelque chose que chacun d'entre vous a connu ou connaît à fond. A contrario des lieux communs de la pensée, dans notre culture de la glisse, chuter n’est pas du tout dramatique.

C’est (même) la façon par excellence de nous améliorer dans le surf, techniquement et mentalement. Comment, mon capitaine? La chute fait la part des choses entre nos capacités et nos limites. Elle pointe du doigt nos acquis et dessine exactement l’endroit où commence notre champ de progression.

Test and learn, soldat Pithivier !

Le plongeur français émérite a dû se viander un sacré paquet de fois avant de maîtriser à la perfection ses sauts carpés et pirouettes qui l’emmènent aux JO.

Eh bien en surf c’est la même chose. Vous allez échouer 9 fois avant de vous tenir sur la planche. Vous allez planter 10 fois le rail avant d’enchaîner brillamment ce virage sur le haut de la lèvre. Vous allez vous faire enfermer dans plusieurs brassées de fermantes avant de ... Trouver la sortie du tube, Alleluia !

Le succès de votre glisse n’est que la crête visible de tout ce travail de tentatives inabouties, foireuses et aléatoires que vous avez enchaînées jour après jour, le nez plein de morve et les bras engourdis. 

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’apprentissage par l’échec est une tournure d’esprit pas du tout partagée dans notre société. Un exemple : le collègue qui foire ses tentatives de monter sa boîte est vu comme un looser. Eh, c’est tellement fastoche de se foutre de sa poire!

Bon quand il réussit on devient … Jaloux. Ah, sacrés Français ! 

Pourtant l’échec et le succès sont indissociablement liés.

Johanne Defay, Ian Fontaine, Jorganne Couzinet ... Les surfeurs de haut vol n’ont de cesse de tester et d'échouer pour avancer et perfectionner leur glisse.

La différence entre vous et eux ? Ils ont échoué un nombre de fois BEAUCOUP plus grand que vous. Et ont donc pu expérimenter, chercher, ajuster, perfectionner leur technique.

In fine, ce parcours essai/erreur leur a aussi permis de construire cet autre capacité fondamentale : un mental à toute épreuve.

Car tous ces flops, toutes ces chutes avant le succès renforcent le caractère, font croître la sérénité, et apportent une montagne d’assurance, en un mot : vous êtes bardé d'expérience. 

Alors ces multiples ratages qui ont abouti à peaufiner le geste adéquat, les amènent, par la suite, à prendre et surfer leurs vagues avec cette grâce et cette maîtrise inouïe qu’on leur connaît. 

Quelle est la meilleure réaction face à l’échec? 

Ok quand pour la énième fois vous mordez l'écume, au lieu de la taillader avec vos dérives façon Etchebest sur son gigot, vous pouvez l'avoir vénère comme dit ma grand-mère punk. 

Mais cet échec (de plus) vous rapproche (encore plus) de la réussite. Alors ... Félicitez-vous ! Voyez-y un signe enthousiasmant à continuer d'avancer sur le beau chemin du progrès technique et mental. 

J'en fais des tonnes? Je le concède. Mais c'est certain que la poignée de critiques ou de moqueurs assis sur le sable ne se planteront pas , eux qui n’essaient rien. Ils ont trouvé le meilleur moyen de ne pas tomber. Et de ne pas avancer. 

D’ailleurs au Judo que je pratiquais môme, tomber est la première chose que notre maître nous apprenait. La main frappe le tatami, Bam !

J’ai glissé chef !

Sans aucun paradoxe, voilà la bonne nouvelle : l’échec, le plantage, la foirade, la gamelle, la chute nous élèvent. Et nous instillent aussi une super leçon d’autocritique et d’humilité, comme le plongeur nous l’a génialement montré. Il se marre de sa gamelle et en fait même une vidéo … poilante !